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PAL 04 - Clive Barker et Secret Show

Dans cette vidéo on va parler du romancier/peintre/cinéaste britannique Clive Barker. Mais aussi de l'adaptation en comic book de son roman Secret Show.

Texte de la vidéo :

 

Aujourd’hui j’aimerai parler avec vous d’horreur, d’imaginaire et de changement de média avec Secret Show publié chez nous par Akiléos.

Secret Show, ou plutôt The Great and Secret Show dans sa version d’origine est l’adaptation en 12 numéros qu’a publié IDW à partir du livre du même nom écrit par Clive Barker. Écrivain et cinéaste que certains d’entre vous connaissent peut-être.

Pour les autres une petite présentation du bonhomme s’impose.

UN ARTISTE COMPLET

Clive Barker

Clive Barker est né en Angleterre à 3 km du centre de Liverpool le 5 octobre 1952 à une heure du matin. (Sois précis ou meurs) C’est dans cette ville qu’à l’âge de 3 ans il est témoin de l’accident qui coûtera la vie à « l’homme oiseau » Léo Valentin. En grandissant, il ira dans les écoles qu’avait fréquentées John Lennon auparavant. C’est pendant ces années qu’il se découvrira un goût pour la peinture, mais aussi pour l’écriture puisqu’il rédigera sa première nouvelle à l’âge de 14 ans.

Par la suite il entrera à l’université locale où il étudiera la littérature anglaise et la philosophie.

Là il monte sa première troupe de théâtre underground, The Dog Company, et écrira ses premières pièces parmi lesquels The History of the Devil ou encore Frankenstein in Love. C’est aussi à cette période qu’il réalisera un premier court-métrage expérimental intitulé Salomé.

En 1973 il part s’installer à Londres où il continue ses activités théâtrales que ce soit en tant que scénariste, acteur ou encore metteur en scène. Et ça tout en pratiquant en parallèle la peinture et en publiant des nouvelles horrifiques. Nouvelles dont certaines seront rassemblées en 1984 dans un recueil au titre évocateur de Books of Blood.

Books of Blood  Couvertures de Clive Barker

Couvertures de Clive Barker

Il continuera sur cette lancée et entre 84 et 85 il sortira 6 volumes des Livres de Sang. Volumes qui seront remarqués et primés des deux côtés de l’atlantique. Si bien qu’après la sortie du premier tome Stephen King dira cette phrase souvent, reprise : « J’ai vu l’avenir de l’horreur et son nom est Clive Barker ».

Suite à ce succès, Barker va se consacrer plus pleinement à l’écriture de fictions et en 1985 il sort son premier roman Le jeu de la damnation. En 1986 il poursuivra sa carrière littéraire avec Hellraiser, en 87 il sortira

Le Royaume des Devins, suivi de Cabal en 88, et en 1989 ce sera au tour de Secret Show. Mais on en reparlera.

En bon stakhanoviste de l’écriture, il va continuer sur cette lancée, et ce jusqu’à nos jours malgré des baisses de régimes en raison de problèmes de santé.

Parallèlement, et tout en continuant à fournir un travail plastique, Barker est de plus en plus attiré par le cinéma. Encouragé dans cette voie par le réalisateur britannique George Pavlou il va fournir à ce dernier un premier script. Le scénario s’intitulera Underworld, mais lorsque le film sortira en 1985 il aura été renommé, entre autres modifications, Transmutations.

En 87, Pavlou récidivera en portant à l’écran une autre histoire de Barker en adaptant une nouvelle des Livres de sang avec Rawhead Rex, le monstre de la lande.

Devant ces deux métrages Clive Barker sera...

PREMIERS PAS DERRIÈRE LA CAMÉRA

Bon, disons qu’ils sont l’une des principales raisons qui le pousseront à réaliser lui même la prochaine adaptation de son œuvre.

Affiche de Hellraiser

Et donc en septembre 87 sort Hellraiser qui la mise sur pellicule du court roman The Hellbound Heart et cette fois-ci c’est le romancier qui est derrière la caméra.

Sincèrement même si le nom de Barker ne vous dit rien, il est tout de même possible que ce film vous évoque quelque chose tant le physique du personnage de Pinehead aura marqué la pop culture à la fin des 80's et ce malgré son faible temps de présence à l’écran.

Le film deviendra rapidement culte et donnera naissance à une véritable franchise.

Malheureusement chaque nouvel opus cinématographique se réveillera inférieur au précédent. Au point que Barker reniera parfois violemment l’usage fait de sa création.

Tweet de Barker  21 août 2011

Affiche de Nightbreed

Mais Hellraiser ne sera pas son unique long métrage et en 1990 il adapte un autre de ses romans, Cabal, renommé pour l’occasion Nightbreed. Ce film, bien moins sombre que le précédent, offre à Barker l’occasion de s’amuser à créer toute une galerie de monstres extrêmement variés.

Monstres qui sont en réalité les « gentils » de l’histoire, les rôles d’antagonistes étant distribués à des figures d’autorités de notre société telle des policiers, des prêtres ou encore des médecins.

Mais cet aspect de l’histoire surprendra, et surtout déplaira, aux producteurs. Après tout ce n’est pas comme s’il y avait eu un roman à la base qui exprimait déjà tout ça... Et pour satisfaire aux exigences du studio le film sera raccourci et remonté par la Fox sans que le réalisateur en soit informé.

Malgré tout le métrage se bâtira peu à peu une réputation et verra son univers se développer en comics book, tout comme pour Hellraiser, au travers de la ligne Epic Comics de Marvel.

ÉDITEUR CHEZ MARVEL

Razoline - First Cut ouverture de Tristan Schane

Et si ces comics dérivés de son œuvre constituent la première rencontre entre Barker et le monde de l’édition de la BD américaine, ce ne sera cependant pas le dernier.

En 1993 il se voit en effet confier par Marvel le rôle d’éditeur pour leur nouvel imprint bâti autour de lui, Razorline. L’objectif était de créer une nouvelle ligne de superhéros mystiques, détachés du reste de la continuité Marvel, le tout à la sauce Barker.

L’écrivain n’y travaillera cependant pas seul puisqu’on verra passer James Robinson ou encore les Wachowski qui y feront leurs premières armes en tant que scénaristes.

Mais cette ligne pendra cependant fin en 1995 et c’est cette même année que l’artiste sortira son troisième et à ce jour dernier long métrage.

Couverture de Tristan Schane >

LA DERNIÈRE ILLUSION

affiche Lord of Illusions

« The lord of illusions » est encore une fois adapté d’un de ses écrits. Il s’agit d’un polar fantastique mettant en scène un des personnages récurant de l’auteur, Harry D’Amour, sous les traits de Scott Bakula.

Malheureusement pour Barker les problèmes d’argent de Polygram Filmed Entertainment, ses producteurs, ont entraîné la revente du film la MGM qui se désintéresse du projet. Le métrage est alors amputé de quelques scènes et de nouveaux délais de postproduction lui sont imposés. Délais désormais bien trop courts pour pouvoir terminer les effets spéciaux numériques de façon satisfaisante.

Dégouté Barker décide alors de se retirer de la réalisation. Mais malgré tout il n’abandonnera pas complètement le cinéma puisque son nom sera encore associé à quelques métrages que ce soit en tant que scénariste ou de producteur.

Mais il va se consacrer beaucoup plus à l’écriture et n’hésitera pas à s’éloigner occasionnellement de l’horreur qui fit sa réputation avec des romans de fantasy pour enfant qu’il illustrera lui même.

Next Testament Dessin de couv de Clive Barker

Malgré tout quand on est un touche-à-tout on le reste toute sa vie et au début des années 2000 il scénarisera produira, voir contribuera à l’identité visuelle de plusieurs jeux vidéo. Et il ira même jusqu’à designer des costumes d’Halloween.

Un vrai touche-à-tout je vous dis.

Du côté du 9° art. En plus des inévitables adaptations et dérivés de ces œuvres il dessinera quelques couvertures et co-écrira diverses séries chez différents éditeurs tels que IDW ou Boom ! Studios.

Dessin de couverture >

de Clive Barker

SECRET SHOW

édition française couverture de Gabriel Rodriguez

Mais c’est de l’adaptation d’un de ses livres dont j’aimerai vous parler aujourd’hui avec Secret Show dont les éditions Akiléos se sont chargées de l’édition française en 2011.

À l’origine l’idée d’une adaptation de ce roman de 800 pages née au milieu des années 90. À l’époque Clive Barker en publie la suite avec l’objectif de réaliser une trilogie, la trilogie de l’Art. Même si au rythme où vont les choses cette trilogie est bien partie pour être en deux volumes.

Ce projet était porté par Eclipse Comics et l’aspect graphique en avait été confié à Hector Gómez. Mais le projet n’aboutira jamais et il faudra attendre mars 2006 pour que IDW, enthousiaste suite à l’adaptation qu’ils avaient déjà réalisée du Voleur d’Éternité, en publie un premier numéro.

Cette fois-ci le scénario fut confié aux bons soins de Chris Ryall et c’est Gabriel Rodriguez, aujourd’hui plus connu pour le travail qu’il réalisera par la suite sur Locke and Key qui se chargea du dessin.

< Couverture de Gabriel Rodriguez

Bien qu’étant le début d’une hypothétique trilogie Secret Show est un récit auto contenu.

L’histoire démarre à Omaha dans le Nebraska, et plus particulièrement dans le bureau de poste central de la ville. Là Randolph Jaffe se voit assigner pour son premier jour de boulot au tri du courrier non délivré. Sa tâche consistant à l’ouvrir afin que soit partagé entre les postiers tout ce qui peut l’être. Le reste étant destiné à finir dans les flammes. Et si ce travail était en partie un bizutage, Jaffe se prend peu à peu à l’apprécier.

En effet ces lettres mortes viennent de tout le pays et de toutes sortes de personnes. Et lisant tout ce courrier cet homme modeste, mais plein d’ambitions finit par découvrir que son pays à une vie secrète, souterraine. Il commence à discerner un secret caché derrière des rumeurs, des allusions et des cultes. Et une fois tout cela décodé il devine l’existence d’un océan secret, d’îles et enfin de l’Art avec un grand A.

Double page de Hector Gómez pour la version abandonnée par Eclipse Comics de The Great and Secret Show

Double page de Hector Gómez pour la version abandonnée par Eclipse Comics de The Great and Secret Show

Après un meurtre, doublé d’un incendie volontaire pour le dissimuler, le postier s’en va parcourir l’Amérique afin d’en savoir plus. Et au travers de ses pérégrinations il va finir par rencontrer une sorte shaman du nom de Kisoon.

Le sorcier va lui apprendre que l’océan secret se nomme Quiddity et est en fait une mer onirique cachée derrière notre réalité. Jaffe découvre aussi que l’Art permettrait de la manipuler pour changer le monde.

Mais Randolph n’a pas les capacités spirituelles d’y accéder. Aussi se met-il en quête d’un raccourci et fini par trouver Fletcher, un scientifique de génie mis sur la touche en raison de son penchant pour la drogue.

Ensemble ils vont mélanger science et alchimie pour créer le Nonce, le grand œuvre, une substance provoquant une évolution à marche forcée. Évolution influencée par l’état psychique de l’utilisateur.

Mais Fletcher comprend que Quiddity doit être protégé de l’influence perverse du Jaffe aussi une fois tous deux transformés par le Nonce ils vont s’affronter dans une guerre alimentée par les rêves et les cauchemars des humains sur leurs routes.

Combat entre Fletcher et Jaff. Dessin de Gabriel Rodriguez

Dessin de Gabriel Rodriguez

Mais étant de forces égales aucun ne prend le pas sur l’autre et épuisés ils vont atteindre la petite ville de Palomo Grove, ou prendra part l’essentiel du récit. Là ils vont chacun se lancer dans une version violemment pervertie de l’Immaculée Conception afin d’engendrer une descendance qui leur viendra en aide.

Ce que je viens de vous décrire est un résumé succinct des 30 premières pages du comics qui en comporte environ 260, soit environ les 100 premières pages du roman sur les 750 que comporte mon édition.

Autant vous dire que l’histoire est assez dense et aborde beaucoup de thématiques tel que, en vrac,

le sectarisme, la métaphysique, la prédestination, l’amour, l’inconscient collectif, la célébrité, le pouvoir,

le mode vie de la classe moyenne, le viol, la mort... liste loin d’être exhaustive

Et la série s’en sort assez bien dans sa volonté d’être une adaptation fidèle au roman. Par certains aspects elle peut même être un bon point d’entrée à l’univers de Barker.

En effet le roman comporte beaucoup de sous intrigues et de personnages qui vont et viennent. Et beaucoup ne vont faire que de courtes apparitions. Si ça contribue à donner plus de vie et de réalisme au Grove et donc à l’histoire on se retrouve rapidement avec un effet à la « Game of Thrones ». Je m’explique !

Cast Games of Thrones

LES APPORTS DU DESSIN

On a beaucoup de personnages, mais relativement peu de temps pour leur imaginer un visage, si bien qu’il peut être parfois être un peu compliqué de s’y retrouver. Surtout quand on a passé plusieurs centaines de pages entre deux apparitions des dits personnage secondaire. Et je trouve que le support BD, de par sa nature visuelle, pallie assez naturellement à ce problème.

Tant qu’on est sur les thématiques de l’accessibilité et du visuel. Vous avez dû remarquer en voyant cette vidéo que Barker a développé un univers graphique très marqué. Il n’a pas hésité à montrer dans ses films l’horreur de façon très frontale. Il en va de même dans ses écrits qui abordent sans pudeur la violence ou la sexualité. Une partie de sa réputation s’est d’ailleurs construite là dessus, au point que certaines personnes hésitent même à le lire.

Sur ce point j’ai trouvé la BD plus « soft » que le roman. Probablement afin de ne pas s’aliéner une partie du lectorat ni saturer les planches d’informations. Que l’on se rassure la violence et les monstres sont toujours là, mais certains détails, ou scènes trop gratuites, nous sont épargnée. En vous en tenant au comics, vous ne saurez ainsi jamais quelle utilité le Jaffe a trouvée aux cafards ni n’assisterez à une scène qui rappellerait trop à certains les aventures de Constantine écrites par Azzarello.

Hellblazer 154, novembre 2000, dessin de Marcelo Frusin

Hellblazer 154, novembre 2000, dessin de Marcelo Frusin

Le problème c’est que d’autres aspects du livre, selon moi bien plus intéressants, disparaissent dans le processus.

Je parlais plus tôt des nombreux personnages qui permettent à Barker de donner de la crédibilité à son décor. Ces personnages lui offrent surtout la possibilité de donner de la substance au récit en jetant un regard critique sur nos sociétés contemporaines.

Cover du numéro 9 de Secret Show par Gabriel Rodriguez

Par exemple Fletcher cherche à donner corps à l’imaginaire des habitants du Grove dans le but de s’opposer au Jaff. Mais il ne trouve dans la tête des gens que personnages de télévision, vedettes éphémères ou acteurs pornos. Faible imaginaire et donc faible armée face aux peurs auxquels son adversaire donne vie.

Cette vie intérieure des personnages, par essence secrète, contraste parfois fortement avec le masque de respectabilité qu’ils cherchent à afficher en public.

C’est d’ailleurs un thème récurent chez Barker pour qui les personnes les plus propres sur elles sont rarement les plus dignes de confiance, au contraire de nombre de marginaux au physique plus ou moins monstrueux et au mode de vie alternatif.

Dessin de Gabriel Rodriguez >

Il n’est d’ailleurs pas innocent que certains des personnages clés de l’intrigue soient à leur façon des artistes ou des créatifs.

Illustration de couverture de Gabriel Rocdriguez "Palomo Grove"

Toujours dans le registre de la critique de la société moderne Barker décrit longuement le Grove et pas seulement sur le plan architectural, mais aussi sur celui de l’urbanisme et de la sociologie. La ville est une cité de banlieue moderne et les urbanistes ont souhaité que son point névralgique soit un centre commercial. Pas une mairie, une bibliothèque ou le temple d’un quelconque culte, mais un centre commercial. Des quartiers les plus aisés aux plus pauvres l’unique chose reliant les habitants entre eux est donc volontairement la consommation.

< Dessin de Gabriel Rodriguez

Bien entendu ce thème de la superficialité de la vie moderne est abordé dans la BD, mais pour garder la part belle aux péripéties il est parfois un peu trop survolé à mon goût. Chris Ryall a en effet fait le choix, parfaitement respectable, de coller au plus près du roman et d’inclure dans son scénario tous les évènements contenus dans ce dernier.

Le hic c’est que pour ce faire les personnages perdent un peu en complexité et l’utilité de certains devient un peu douteuse. Et certains « changements d’alignements » semblent beaucoup plus soudain que dans l’œuvre d’origine.

En optant pour une adaptation plus libre, il aurait été possible de faire disparaître certains personnages relativement peu utiles à l’intrigue et de mieux en développer d’autres.

Mais il s’agit là, si ce n’est de pinaillage, au moins d’une critique un peu facile. Et cette mini série reste tout à fait plaisante. Pour ma part j’ai découvert l’adaptation graphique en premier. Et sa lecture m’a suffisamment plu pour me donner envie de me pencher sur le roman.

Il faut dire que le travail graphique Gabriel Rodriguez contribue grandement à ce plaisir de lecture. Si son dessin n’est pas aussi précis et détaillé que ce qu’il fournira lorsqu’il travaillera avec Joe Hill son trait est déjà parfaitement reconnaissable.

Lock and key toujours dessiné par Gabriel Rodriguez

Je ne peux résister à l'envie de vous montrer un extrait de Lock & Key, toujours dessiné par Gabriel Rodriguez

Il donne aux personnages une large palette de physiques différents et surtout reconnaissables d’une case à l’autre. Y compris pour ceux ayant vieilli au court du récit. Bref il nous livre un travail beau, propre et constant.

En revanche il y a malgré tout un point sur lequel pèche cette adaptation. Et pour en parler, je dois raconter la fin de l’ouvrage ou plutôt des ouvrages. C’est donc le moment de faire une « Alerte Spoiler »

Si vous souhaitez garder la surprise, je vous invite à descendre directement à la fin de cette article.

Spoiler
 
cover Clive Barker Omnibus IDW

Vers la fin de l’histoire, plusieurs protagonistes se retrouvent dans cet océan onirique qu’est Quiddity.

Lieux dont on nous parle depuis le début du récit. Autant dire que ce passage était assez attendu.

Baker passe donc un certain temps à décrire les créatures qui peuplent ce « monde derrière le monde », son paysage ainsi que les règles qui semblent régir cette réalité, ou tout du moins ce qu’en comprennent les protagonistes.

Ce passage est relativement court à l’échelle du livre, mais particulièrement riche en détails et visions fantasmatiques. Après tout, on est dans l’inconscient collectif de l’humanité et le romancier cherche clairement à stimuler notre imaginaire.

< Dessin de Gabriel Rodriguez

Et sur ce plan la transposition en comic-book est une foirade complète. Je ne sais qu’elle est la cause du problème, mais j’aurais tendance à croire qu’à ce stade du projet IDW souhaitant adapter le roman suivant a choisi de ne pas trop en montrer afin d’inciter les lecteurs à revenir.

Mais là je spécule beaucoup. Et quel qu’en ai été les raisons le résultat c’est qu’on se retrouve avec quelque chose d’assez pauvre visuellement. À la lecture de la BD, ça ne m’avait pas trop choqué, mais quand par la suite j’ai découvert le roman la comparaison n’a pas joué en faveur du travail de Ryall et Rodriguez.

 
Fin des spoilers

Au final la BD hérite du roman une histoire fascinante, mais aussi de quelques longueurs ainsi que de personnages riches et variés, mais peut être trop nombreuse.

À ces forces et faiblesses de l’œuvre d’origine, l’adaptation ajoute les siennes. Ainsi l’histoire gagne en lisibilité ce qu’elle perd parfois en profondeur.

PUIS-JE VOUS CONSEILLER CE LIVRE ?

Tout dépend de ce que vous recherchez.

Affiche du film Watchmen

Les adaptations ont trop souvent tendance à remplacer le matériau de base dans l’esprit du public. Et beaucoup ont le sentiment qu’une fois cette transposition découverte il est possible de se passer de sa source.

Or ici, comme souvent, le roman est beaucoup trop riche pour que sa transposition sur un média différent soit pleinement satisfaisante. Problème récurent, encore trop souvent source de larmes quand on passe d’un support à un autre.

Pourtant ça n’a rien de surprenant. Les œuvres dignes d’être adaptées sont souvent celles qui exploitent pleinement les possibilités ainsi que les règles qui régissent le domaine artistique où elles s’inscrivent.

Ce film en plus de ne pas être aussi riche >

que l’œuvre de base (quand son sous-texte

raconte pas le contraire) a provoqué une

baisse des ventes du roman graphique.

Parce que maintenant "tout le monde

connait déjà l'histoire".

Or certains particularismes ne sont pas transposables tant ils dépendent de leur support. On ne transmet pas la même chose avec des mots ou avec des images, tout comme on ne laisse pas les mêmes libertés à l’imagination du lecteur. Les habitudes ou les attentes ne sont pas les mêmes. Et ne parlons même pas des médias qui imposent leurs propres rythmes comme le cinéma ou la télévision.

Bref il est illusoire d’espérer ressentir les mêmes impressions sur une création originale et son adaptation.

La carrière Clive Barker, et particulièrement sa courte expérience à Hollywood à ceci d’intéressant qu’il a adapté ces propres écrits à l’écran. A priori il n’y avait donc pas mieux placé que lui pour produire des livres fidèles en tout point au roman.

Eh bien non. Il y a de multiples modifications. Les différentes versions s’enrichissant l’une de l’autre.

image de Lord of Illusions

Lord of Illusions est si différent de la nouvelle The Last Illusion qu'on même peut dire qu'il s'agit d'une autre histoire.

C’est même pour cette raison que l’on a pu faire de multiples versions d’histoires connues de tous depuis longtemps. Chaque artiste et chaque support apportant une nouvelle lecture possible. Ces nouvelles versions permettent aussi à l’œuvre source de ne pas tomber dans l’oubli en attisant les curiosités.

Par exemple, dans le cas de Secret Show, le comic book de par sa nature visuelle et grâce à la volonté de son scénariste de respecter le travail de Barker offre une version très accessible de celui-ci.

En tant que BD Secret Show tient parfaitement la route, mais est selon moi bien plus appréciable comme une porte d’entrée vers la, toujours non terminée, trilogie de l’Art. Et plus largement comme moyen de faire découvrir l’œuvre de Barker.

Après tout attaquer le roman peut en effrayer certains, soit en raison de son volume, soit en raison de la réputation sulfureuse de son auteur dont le nom est encore souvent associé à son travail sur Hellraiser et sa violence très crue.

Si je devais conseiller cette mini série, ce serait donc pour des gens souhaitant découvrir Barker plus que

pour ceux souhaitant simplement lire une BD indépendante. Même si en tant que tel la BD tient parfaitement la route grâce à son récit auto contenue et à un beau travail graphique. La lecture du roman enrichira malgré tout beaucoup votre expérience et s’en trouvera, je crois, nettement facilité après avoir ouvert les comics.

En revanche si vous connaissez déjà Secret Show sous sa forme romanesque ne cherchez pas retrouver les même sensations de lecture. Si c’était le cas, j’ai sincèrement peur que vous soyez déçu.

Les péripéties sont là, mais une part des thèmes abordés risque de vous manquer. En revanche vous découvrirez une narration plus condensée et donc plus énergique ainsi que le beau travail de Rodriguez.

< Dessin de Gabriel Rodriguez

 

Sources :

Collectif. (1999). Dossier Clive Barker. In: Ténèbres N°5. p35-68; Lueurs Mortes

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