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Divinity III : Stalinvers


Octobre 1917, la révolution russe de bolchévique.

Octobre 2017, Bliss Comics nous plonge dans le Stalinvers avec Divinity III.

Coïncidence ?

Peut-être, mais de toute façon c'est pas le sujet.

Divinity III : Stalinevers

Date de publication : 26/10/2017

Auteur : Matt Kindt Dessinateur : Trevor Hairsine Encreur : Ryan Winn Coloriste : David Baron Récits additionnels : Jeff Lemire et Clayton Crain, Joe Harris et CAFU, Scott Bryan Wilson et Robert Gill, Eliot Rahal et Francis Portela, Matt Kindt et Juan José Ryp.

Contient : Divinity III #1-4, Komandar Bloodshot, Aric : Son of the Revolution, Shadowman : The Battle of New-York, Escape from Gulag 396.

< Couverture de Jelena Kevic-Djurdjevic

RÉSUMÉ :

Durant la guerre froide l’URSS lance un programme top secret et envoie trois cosmonautes au fin fond l’univers.

De nos jours un de ces voyageurs, Abram Adams, est enfin revenu sur Terre. Cependant il a été profondément transformé par son expérience puisqu’il possède désormais les pouvoirs de modifier la réalité tel une véritable divinité. Son retour est-il une bénédiction ou une malédiction ? Et comment les superhéros (dont la fonction dans ce type de récit est généralement d’œuvrer au maintien d’un certain statu quo) vont-ils réagir ? Voilà le point de départ de la minisérie Divinity de Matt Kindt et Trevor Hairsine.

La seconde mini série verra le retour de l’ancienne copilote de la mission, Myshka. La jeune femme a elle aussi été transcendée par son expérience puisqu’elle fait désormais jeu égal avec Abram. Mais bien plus emprunte de dévotion envers la mère patrie et le régime qui l’élevée, elle vivra assez mal les changements qui ont transformé notre monde depuis la chute du rideau de fer.

Puis revint Kazmir, le troisième voyageur, et le monde changea…

Dessin de de Jelena Kevic-Djurdjevic

Critique :

Dans l'ensemble j'aime assez l'univers Valiant. Je lui avait consacré une longue vidéo sur l'histoire de cet éditeur, vidéo où je parlai aussi de ma série coup de cœur Archer et Armstrong (à voir ou lire ici ).

Cependant toutes les séries et personnages proposés par cet éditeur sont des versions modernisées des anciennes continuités de la firme. Enfin jusqu'à Divinity qui était en revanche la première sortie véritablement originale de l'éditeur.

Et pour être francs, les deux volumes précédents ne m’avaient pas convaincu plus que ça.

La première mini avait un concept de base qui a attisé ma curiosité, mais j’étais resté sur ma faim. Cependant je l’avais pris comme l’introduction d’une trilogie, et non comme une œuvre complète. Et j'ai trouvé que le récit offrit suffisamment de possibilités pour que je me laisse tenter vers la suite.

Divinity II avait en revanche été une vraie déception. Si j’ai apprécié découvrir la vie de Myshka j’avais quand même le sentiment que le récit proposé était sans réelle ambition, et la fin m’avait profondément déplu. (Sérieux Kindt résout son intrigue à laisse d’une ficelle plus grosse que lui.) Malgré tout les planches de Trevor Hairsine étaient absolument magnifiques et le concept de Stalinvers (et ses ambitions affichées) me convainquirent de retenter l’aventure. Après tout l’idée de voir un univers de super héros américain transformé en une uchronie dystopique à la sauce stalinienne avait de quoi me séduire.

Divinity, dessin de Trevor Hairsine >

Divinity III nous propose donc d’explorer une variante de l’univers Valiant, au travers d’une continuité où l’Union soviétique est non seulement toujours debout, mais où elle domine la planète. Et là, si vous êtes lecteur de comics vous allez forcément penser au Superman : Red Son de Mark Millar. Pourtant le projet de Kindt se veut, a priori, plus ambitieux. En effet il ne s’agit pas ici de créer un récit complètement déconnecté de la continuité mais au contraire une histoire pouvant impacter les différentes séries Valiant.

Dessin de Jelena Kevic-Djurdjevic

Dessin de Jelena Kevic-Djurdjevic

En effet cette mini série ne nous propose pas ici d’explorer une terre parallèle avec des versions alternatives des personnages habituels. Le scénariste fait au contraire avec les protagonistes que les lecteurs connaissent déjà, mais influencé par les actions de Kazmir. Du coup selon cette logique les événements qui se déroulent durant le Stalinvers peuvent continuer d’avoir des répercussions une fois le monde de Valiant revenu à la normale. Ce qui favorise l’implication du lecteur dans le récit et constitue à première vue une de ses forces.

En réalité c’est une de ses faiblesses.

Tout comme avec l’event de Marvel, House of M, l’histoire démarre parce qu’un personnage se souvient de la réalité pré-modifications. Le hic c’est que si Wolverine se rappelait sa vie d’avant c’est parce que la sorcière rouge lui avait offert son plus cher désir, à savoir retrouver sa mémoire intacte. C’était un tour de passe-passe, mais ça marchait. Mais Matt Kindt n’a pas un Logan à disposition alors il s’est rabattu sur Ninjak. D’ailleurs l’histoire en fait le protagoniste principal est en fait Ninjak qui, grâce au bienfait de son entraînement, arrive à se souvenir de son ancienne vie. Non seulement c’est une facilité scénaristique énorme (encore plus grosse que Wolverine dans House of M). Mais le fait qu’un humain normal, aussi bien entraîné soit-il, arrive à échapper aux manipulations mentales d’un prétendu dieu contribue à rabaisser cette divinité.

House of M, 2005, dessin de Olivier Coipel >

Aussi pour s’en sortir il a du a du trahir son principe de départ qui était de mettre en scène des dieux en limitant leurs capacités. Ici ni l’univers ni le passé ne sont vraiment changés, seulement les mémoires pour provoquer une sorte d’hallucination collective. Illusion dont certains héros Valiant on réussir à s’échapper. Du rang de dieu l’antagoniste est donc ravalé à celui de télépathe. Certes très puissant, mais le monde des comics (y compris Valiant) en comporte déjà pas mal. (Même si pour être parfaitement honnête l’idée que le passé ne soit pas si facilement modifiable que ça a déjà été évoquée dans la seconde mini.) Bien entendu pour faire passer la sauce le lien entre nos perceptions et la réalité est questionné mais d'une façon bien trop superficielle pour que ce soit satisfaisant. Dommage ça aurait put donner un bon récit de S.F. à Philip K. Dick.

Du reste cet aspect de l’intrigue semble visiblement avoir donné lieu à un beau cafouillage éditorial. En effet les auteurs de certains one-shot semblent avoir écrit leur récit comme si la réalité était effectivement modifiée, qu’on était dans un univers parallèle, ou que sais-je encore. En effet dans la logique de la série principale un personnage tué meurt vraiment, et un personnage décédé préalablement devrait être toujours mort, mais là … non! (Mais laissons le bénéfice du doute, et supposons qu’on nous offre la vision de faux souvenirs)

Dessin de Clayton Crain

Reste donc le côté uchronie soviétique sur laquelle a beaucoup tourné la communication autour de l’évent. Malheureusement cet aspect n’est réduit à presque rien. L’URSS selon Kindt c’est un vieux décorum, des souvenirs de vieux films d'espionnages, et pas grand-chose de plus. Des drapeaux, des uniformes gris et rouges, quelques chapkas, de la neige et des officiers sadiques ça ne crée pas un univers et franchement on se croirait dans une histoire datant de la guerre froide. (Et le côté James Bond que peut avoir le personnage Ninjak n’aide pas.)

Un vilain général soviétique prêt à sacrifier ses hommes sans scrupules, ou l'art d'enfiler des clichés comme des perles. Dessin de CAFU.

Sans allez jusqu’à aborder ce qui distingue le stalinisme d’autres courants communistes (anciens ou moderne), la série aurait pu confronter les visions du monde, critiquer les modèles de chaque camp, etc. (Notez qu’un elseworld comme Superman : Red Son, qui pourtant se contentait de survoler cet aspect s’en était quand même bien mieux sorti de ce point de vue.)

Superman : Red Son, 2003 >

Scénario de Mark Millar ( et Grant Morrison )

Dessin de Dave Johnson et Kilian Plunkett

Mais non, et comme aucune des spécificités de l’idéologie qui sous-tendait l’URSS n’est abordée, on se retrouve avec une dictature de série B lambda arrosée d’iconographie soviétique. En fait il aurait pu s’agir de n’importe quel régime que ça ait changé grand-chose au scénario. Mais au moins on nous épargne un énième retour III° Reich, c’est déjà ça.

De toute façon Kindt n’a pas du faire beaucoup de recherches sur la société qu’il cherchait à mettre en scène. J’en suis même convaincu tant ça me semble flagrant. Par exemple il est dit qu’enfant Kazmir et Abram lisaient des récits de science-fiction et pendant quelques pages on voit même leurs souvenirs de lecture.

Selon Matt Kindt la SF bolchévique ressemble méchamment à de la science-fiction US. Dessin de Trevor Hairsine.

Ça aurait été l’occasion de faire effectivement référence à de la science-fiction soviétique. Mais non on nous montre une iconographie inspirée des pulps américains, de Starship Trooper ou encore Star Trek. (Tremblez américains face à l’hégémonie culturelle soviétique qui est une copie parfaite de la votre !)

Bref ce nouveau contexte ma semblé particulièrement mal exploité reste l’intrigue en elle même.

Et là, la déception fut complète. Le scénario assez simple avance entièrement grâce à des rebondissements faciles et souvent capillotractés. Et ce jusqu’au retournement final qui implique de faire du 3° explorateur un crétin fini. Il y a un côté « ta gueule c’est dans le script » qui m’énerve pas mal d’autant que c’était déjà ce genre raccourci enfantin et mielleux qu’avait utilisé Kindt pour Divinity I et II. Si j’avais pu laisser couler la première fois c’était déjà plus tendu la seconde. Là par contre c’est beaucoup trop simpliste vu les ambitions affichées et pour conclure le cycle.

Sérieusement ! Kazmir abandonne finalement ce qu’il estimait être son devoir depuis plusieurs décennies parce que ABRAM LUI A DIT DE SUIVRE SES RÊVES.

Et étant donné qu’il n’a visiblement pas trop de scrupules à déserter on est quand même en droit de se demander pourquoi il ne l’a pas fait plus tôt.

Non, en fait il retourne sa veste tellement vite qu’on se demande pourquoi il s’est donné la peine de transformer le monde au départ.

Et venez pas me dire que je suis, >

l'auteur souligne lui même le problème.

Dessin Trevor Hairsine

Bref c’est une histoire de Ninjak plus que de Divinity, magnifiquement mis en image, mais doté d’une intrigue assez faible. Et ce malgré quelques one-shot qui nous offrent une version modifiée des héros Valiant et de nouveaux personnages.

Et j’avoue espérer voir le retour de certains.

Myshka entourée d'une "ligue" de nouveaux héros. Dessin de Trevor Hairsine.

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