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Wizzywig — portrait d’un hacker en série


Ed Piskor est aujourd'hui l’auteur de X-Men : Grand Design et de Hip Hop Family Tree.

Mais avant tout cela il nous livra un roman graphique en noir et blanc où il nous faisait découvrir l’univers des hackers.

Wizzywig — portrait d’un hacker en série

Auteur : Ed Piskor

Éditeur VO : Top Shelf Production

Sortie VO : Mai 2012

Éditeur VF : Dargaud

Sortie VF : Septembre 2013

Résumé :

Kevin « Boingthump » Phenicle n’est encore qu’un ado quand il découvre comment frauder les services téléphoniques. Enfant solitaire et très curieux il va perfectionner sa technique et explorer les possibilités que lui offrent les télécoms.

Mais comme c’est aussi l’époque de l’apparition des premiers ordinateurs domestiques, il va se passionner pour l’informatique qu’il voit comme un moyen de développer ses compétences.

Dès lors il va apprendre seul à coder, pirater les premiers jeux vidéo et s’amuser à laisser sa marque dans les systèmes qu’il a craqué (donnant naissance un peu involontairement à l’un des premiers virus informatiques).

Mais le sentiment de supériorité que cela lui procure va devenir petit à petit une addiction et son goût pour le hacking (autant informatique que social) va le pousser à allez toujours plus loin sans autre motivation que de se prouver qu’il peut le faire.

Et ce jusqu’à faire une erreur.

Mais comme c’est aussi l’époque où Scully téléphonait à internet (comprenez par là que la majorité des gens ne comprenait absolument rien à ce qui était en train d’apparaître dans nos vies), il faudra peu de temps à des médias en mal de sensationnalisme pour transformer ce jeune hacker en ennemi public numéro 1 le poussant ainsi à fuir un gouvernement peu enclin à pardonner les errements d’une contre-culture naissante.

X-Files Saison 6 épisode 3 >

Notez qu'en VO Scully ne mentionne pas internet

Critique :

ED Piskor vient de la scène de la BD alternative américaine, celle de Alison Bechdel, de Robert Crumb ou encore de Daniel Clowes, pour citer quelques noms connus. Il a d’ailleurs fait ses classes en dessinant pour Harvey Perkar son American Splendor. Après d’autres collaborations, Piskor s’est senti suffisamment en confiance pour livrer son premier livre solo avec ce Wizzywig.

Comme en héritage de ses travaux précédents Piskor nous livre une biographie, mais fictive cette fois-ci. Cependant on n’est pas pour autant dans le grand n’importe quoi non plus et l’auteur s’est beaucoup documenté pour construire la vie de Kevin Phenicle. Pour se faire il s’est inspiré de l’existence de hackers célèbres en particulier de Kevin Mitnick, Kevin Poulsen et Joybubbles, ce qui rend l’ensemble parfaitement crédible puisque tout fait écho à la réalité. Du reste Piskor a certainement fait des recherches pour pouvoir nous replonger dans une époque qui découvrait l’informatique. Le tout avec un sens du détail très très poussé.

Une des nombreuses véritables anecdotes parcourant la BD celle sur GURPS Cyberpunk.

Où quand le gouvernement craignit pour sa sécurité à cause... d'un jeu de rôle sur table. (Dessin de droite de David Schleinkofer.)

L’ensemble est livré avec un trait semi-réaliste assez épuré. Alors qu’un dessin plus chargé aurait pris le risque de perdre le lecteur, en le noyant sous un flot de détails aussi inutiles que nostalgiques, cette sobriété permet à l’auteur de se focaliser vers le plus important les destins personnels des personnages, mais aussi la façon dont les médias puis les autorités traitent la menace qu’ils représentent.

D’ailleurs on pourrait se demander comment interpréter cette œuvre et le message que Piskor veut faire passer. « Boingthump » n’est pas vraiment une oie blanche ni même particulièrement sympathique. Il sait parfaitement ce qu’il fait quand il enfreint la loi ou manipule les gens. Malgré tout face à des journalistes qui attisent les peurs pour se faire un nom ou encore l’institution judiciaire jouant la montre pour faire souffrir « gratuitement » le pirate semble parfois plus respectable que les gens de bien (et ici aussi le récit s’inspire de faits réels...)

Pour répondre à cette question du fond du l’œuvre et de son interprétation il faut regarder du côté du titre qui peut sembler un peu obscur, en particulier pour le lecteur francophone. En effet le terme « Wizzywig » est, de l’aveu même de l’auteur, une variation de l’acronyme WYSIWYG signifiant « what you see is what you get » (« ce que vous voyez est-ce que vous obtenez ») qui est expression faisant référence aux logiciels possédant une interface graphique permettant à l’utilisateur de voir le document sur lequel il travaille tel qu’il sera publié. En claire on est invité à prendre l’œuvre telle qu’elle est et à lui donner nous même un sens. Piskor ne nous donnera pas de jugement valeur ou de clef de lecture prémachée et c’est à chacun de se faire sa propre idée sur la façon dont la société gère la cyberdélinquance.

Ce point est d’autant plus souligné que dans le récit il est fait mention de l’affaire Manning. Affaire qui démarrait quand le livre est sorti. (Pour rappel Manning a subi l’isolement carcéral maximum au Koweït avant que la moindre charge ne soit prononcée, et ce pour avoir révélé que l’armée américaine couvrait une bavure ayant entraîné la mort de 18 personnes.) Il y a alors une invitation assez explicite à surveiller les actions de nos gouvernements afin de s’assurer ils respectent leurs propres lois et le droit à un procès équitable.

Bref on suit ici une histoire centrée sur un personnage parfois antipathique, mais au final très humain, le tout étant soutenu par un élégant dessin monochrome. Le récit nous interroge sur notre rapport à l’informatique (chose encore rare dans le 9° art), sur la façon dont une démocratie se doit de traiter les hackers (mais aussi les lanceurs d’alerte) et nous invite à être vigilants sur le respect de nos droits et libertés. Et tout ça sans être chiant un seul instant.

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Sur ce blog je vais donner mon avis, pour le meilleur et pour

le pire, sur ce que j’ai lu en BD (principalement d’origine anglo-saxonne, mais pas seulement).

 

Pour mes vidéos, en plus de fournir des liens pour les visionner, je vais en fournir ici les textes afin que ceux qui n’apprécient pas ce média puissent tout de même en profiter.

 

Et puis je ne m’interdis pas de quitter de temps à autre le 9° art pour aborder d’autres trucs de geek.

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